Une passion pas banale: le vélorizontal

Sortie d'automne dans les vallons des Chambarans, au nord du Vercors,avec mon premier vélorizontal, un M5 Shockproof 451

Course de l'heure à Bourg-les-Valence, avec mon Velokraft VK2; ça n'empêche pas de prendre le temps de saluer le photographe, à 40 à l'heure

Mon nouveau Zockra, construit sur mesure par l'ingénieur breton Malric Leborgne. Un régal à conduire sur les routes préalpines, assis à 30 cm du sol. Il s'agit d'une traction avant en fibre de carbone, qui demande de ré-apprendre encore le pédalage par rapport à un vélorizontal à propulsion, à cause de l'interaction avec la direction. Mais ce type de vélorizontal est bien plus réactif et offre un meilleur rendement.

Voici un drôle d'engin qui commence à sillonner les routes d'Europe et d'ailleurs. Un véhicule qui génère curiosité, sarcasmes parfois. En tout cas j'en suis devenu "accro" depuis 2003, date à laquelle j'ai pu essayer un vélorizontal pour la première fois puis en acquérir un, pour devenir ce qu'on appelle avec l'anglicisme de notre jargon un "bentrideur" ou "bentradieux" !

Un peu d'histoire perso

Comme de nombreux Grenoblois, je dois parcourir une distance non négligeable entre le domicile et le travail: 13 km aller, 13 km retour. Usager de la voiture durant de nombreuses annéees, j'ai pu voir petit à petit la ville et sa banlieue se congestionner, congestion à laquelle bien sûr je participais, confortablement installé au volant de ma voiture en écoutant la radio... Le résultat: du stress, du temps perdu, de l'essence brûlée pour pas grand chose, de la pollution. Bref, un tableau fort peu reluisant.

En 1997, je décidais de tenter le mariage de l'utile et de l'agréable: prendre mon vélo. L'alternative était bien sûr les transports en commun, mais ces derniers présentaient (et présentent toujours) une fréquence et une rapidité fort peu compétitives. Et puis le vélo m'offrait la possibilité de produire un peu d'exercice, bénéfique pour les artères et ma santé en général. Mais rapidement, je prenais conscience du hic: habitant dans une vallée où le vent souffle fort et presque en permanence, Murphy me rendait la tâche quelque peu ardue. Vent dans la figure le matin (brise descendante venant du sud), vent dans la figure le soir (brise thermique venant du nord) ! Je me décidais alors à équiper mon vélo d'un des tous premiers kits disponibles en assistance électrique. Un système ZAP, une sorte de moteur électrique façon Vélosolex. Deux moteurs de 200 watts chacun enserrant un galet qui frotte sur le pneu arrière. Une gâchette au guidon, la batterie au creux du cadre. 10 kg supplémentaires mais un boost en puissance assez surprenant. En 1997, la législation française était encore assez permissive pour ces kits. Le moteur m'entraînait allègrement à un peu plus de 30 km/h tout en pédalant. Et je disposais d'une autonomie suffisante pour l'aller-retour.

Cette solution présentait quand même quelques problèmes: usure du pneu arrière, patinage du galet sous la pluie, consommation électrique, lourdeur du vélo, difficulté de doser la puissance apportée par le moteur, et puis un jour c'est devenu illégal (le moteur doit maintenant couper à partir de 25 km/h, sinon ça devient une mobylette !). Malgré cela, ce vélo électrifié avec son kit ZAP me permit de parcourir pas moins de 17.000 km sur le trajet domicile-travail, acquérant par la même occasion un bon début d'entraînement et donc une condition physique améliorée (il fallait encore pédaler quand même !).

Un jour de 2003, me rendant au travail comme d'habitude en longeant l'Isère, je me fais doubler par un engin encore jamais vu: son pilote était allongé sur le dos, assis très près du sol. Il pédalait d'un air nonchalant avec le pédalier situé loin devant lui, et pourtant me doublait avec plusieurs km/h de mieux, sans donner l'impression de forcer. "Bon sang mais c'est bien sûr !". L'avantage de ce drôle de vélo me sautait tout de suite aux yeux: un aérodynamisme bien meilleur que mon vélo droit, lui offrant une faible sensibilité au vent de face.

S'ensuivit une phase intense de recherche d'information. Tout d'abord réaliser qu'on appelle cela un "vélo couché" ou "vélorizontal" ou "recumbent" en anglais. Ce qui ouvre le sésame d'internet et de sa mine de sites dédiés. Un jour d'été 2003, un revendeur genevois eût la bonne idée de venir s'installer sur le parking en face du polygône scientifique de Grenoble, afin de faire essayer ces drôles de vélo. Premier essai, premières dizaines de minutes à patauger en essayant de comprendre comment on peut pédaler et tenir l'équilibre sur un engin pareil, et puis hop, c'était parti, tranquille. Immédiatement des sensations très agréables: grand confort, facilité de maniement, rapidité.

Il n'en fallait pas plus pour que je casse la tirelire et achète mon tout premier vélorizontal en octobre 2003. Depuis, j'ai parcouru près de 20.000 km sur le trajet domicile-travail, sans l'aide d'une assistance électrique (plus besoin, je vais beaucoup plus vite avec le vélorizontal qu'avec le vélo boosté à l'électricité). Et avec toujours la même joie de conduire un véhicule original, agréable, efficace, non polluant, sans carburant, m'offrant un peu moins d'une heure d'exercice par jour plutôt que de perdre mon temps dans les embouteillages, éliminant le stress accumulé durant la journée, bien plus rapide que la voiture sur le même trajet (je roule à 35 km/h de croisière sur la large piste cyclable), et d'une ponctualité imbattable.

La passion aidant, j'ai aussi acquis un vélorizontal très performant pour me balader le weekend dans les environs de Grenoble et au-delà. La position allongée offre une vision de premier plan sur le paysage. La position très confortable incite à enchaîner les km sans crainte. L'aérodynamisme offre un avantage considérable sur le plat et en descente. Il faut être un coureur bien affuté en vélo droit pour pouvoir prendre la roue derrière un vélorizontal de type "low racer"...

Les avantages en quelques mots